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Semblant Non Ressemblant

WU Hao / 吴昊
XIANG Zhenhua / 向振华

04.12.2014 — 21.01.2015

Ayant étudié à l’Université de l’Aerospace de Pékin, XIANG Zhenhua ne se limite pas à fixer son regard vers le ciel et les astres, il délaisse également les scènes pompeuses de la vie métropolitaine parisienne où il vit pourtant depuis huit ans.

Lorsqu’il intègre l’École de l’image (Gobelins) puis l’École supérieure des beaux-arts de Paris, il donne toute son attention aux objets quotidiens délaissés par les humains : un morceau de bâton d’allume-feu consommé, une touffe de graine de fleur fanée, des boîtes d’emballages de grandes marques jetées à la poubelle. L’artiste les filme et leur offre une nouvelle existence, plus grande. Il agrandit l’image prise de ces objets, cinq à dix fois, pour leur conférer une dimension importante. Au travers de cet agrandissement, les objets deviennent sacrés, porteurs d’une esthétique quasi religieuse. Entre ces objets originaux et les images que l’artiste en obtient se reconstruit un rapport de « semblant non ressemblant » : car, en effet, les spectateurs ne perçoivent pas visuellement la ressemblance entre les deux. À travers ce jeu d’ambiguïté de « semblance sans ressembler », les images n’excluent rien de leur ressemblance. Elles restent ouvertes à accueillir tous les existants dans leurs semblances et les contient également. Le pouvoir imageant des images se déploie sans qu’il y ait de forme. À partir de leur amont, sans causer de préjudice ni à l’image ni à l’objet, l’œuvre fait venir à elle le monde.

 

Diplômé de l’Académie centrale des beaux-arts de Chine et né d’un père célèbre peintre chinois, WU Hao, au cours de ses études à Paris depuis 2008, crée un processus de transformation artistique en abandonnant les techniques consommées pour nous offrir une évocation de l’intériorité : en traçant les traits produits dans le jeu éternel du pinceau et de l’encre, l’artiste tend à dépasser les contraintes des théories de la peinture traditionnelle chinoise en vue de concevoir un monde imaginaire artistique à travers l’alternance entre les traits chinois et les structures graphiques occidentales. Après sa visite du camp de concentration d’Auschwitz, lieu de la cruauté extrême dont peut faire preuve l’être humain, l’artiste revient au monde de « dix-mille », selon Shi Tao, et regagne ainsi l’équilibre de l’intérieur. Le trait est précis, le relief esquisse les formes et les décline. Les contours montagneux émergent sous son pinceau. Ici, aucune montagne ne prédomine.Ils tiennent à la compossibilité du foncier – une transformation incertaine et inépuisable ver l’infini, l’origine de l’esprit de l’art chinois.

 

Par le processus d’alternance de la « semblance » et la « non-ressemblance », « La grande image n’a pas de forme », elle s’accomplit. Ici, le « non », le négatif, signifie « abandonner et enlever ».Les deux artistes chinois nés dans les années quatre-vingt vivent et étudient depuis des années à Paris. Imprégnés de l’art occidental, ils excluent intentionnellement «les symboles chinois» de leurs œuvres dans un refus de se conformer ou de perpétuer des préjugés culturels aux yeux du spectateur occidental. À travers cet acte négatif, l’artiste individu est capable de se libérer des attaches du monde extérieur tumultueux, et d’atteindre une intériorité, ce qui lui permet de nourrir sa force intérieure en renouvelant leur source créative.

 

Si nous mettons en regard les œuvres de ces deux artistes, se révèle un rapport de contraste hétérogène, dont émane une tension / une prégnance qui engendre un nouveau sens et une interprétation singulière : au travers du jeu entre visible et invisible, les deux artistes mettent en lumière le processus de transformation de leur création artistique, où l’atmosphère est formée, « la grande image » nait. Ainsi, en pénétrant l’espace de l’autre (géographiquement et culturellement), XIANG Zhenhua et WU Hao se situent dans l’«entre» (selon la pensée de François Jullien), un espace créateur dans lequel les deux pensées – chinoise et française – se rencontrent.C’est le cas pour ZAO Wouki, CHU Tehchun, WU Guanzhong, LIN Fengmian, et XU Beirong, etc. – dans les œuvres de ces artistes, les deux cultures se stimulent mutuellement – leurs œuvres exercent d’ailleurs une grande influence dans l’art moderne chinois mais aussi mondial. 

© Galerie Paris Horizon 2022

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