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Beautiful Stranger

 

Jale SOMER

Teresa FERNANDEZ-PELLO

Simon GERINGER

ALT BACKPACK

Simon COLLET

Simon MANOHA

Jean-Jacques BALZAC

Jean-Baptiste DURAND

Sybil MONTET

Vincent DECAT

Hélène LATTE

Gaspar Fleury DUGY

22.03.2024 — 21.04.2024

Fengfeng Gao(FFG) : Vous êtes un designer vous-même et avez gagné de plusieurs prix, Pourquoi ou comment vous est venue l'idée d'organiser une telle exposition ? Quelle en est l'origine ?


Jean-Baptiste Durand(JBD) : L’origine, c’est la main tendue de FengFeng Gao, qui me donnait carte blanche pour occuper son espace d’exposition au coeur de paris. Quand on est créateur, que ce soit designer, artiste, céramiste, etc. C’est tentant de vouloir mettre la lumière uniquement sur soi, de se donner l’occasion de dérouler tout son univers. Mais cette fois, j’avais envie de partager ! J’aime cette idée là.

Aussi, je me réinstallais à paris, je reprenais mon activité, nourrie d’expériences passées... j’avais peut-être plus que d’habitude envie de rencontres, d’échanges.

FFG : Quelle est l'orientation principale ou le fil conducteur de cette exposition ? Comment avez-vous choisi les artistes et les designers pour cette exposition ?

JBD : c’est une exposition collective, mais elle est pourtant très personnelle à la fois. Tous les artistes présents m’ont inspiré à un moment ou un autre. Ils sont comme la constellation des inspirations de mon univers. Ce qui les relie, selon moi, c’est une notion de technique, qu’elle soit technologique ou ancestrale.

Entre Simon Manoha, qui réalise des céramiques à partir de matières qu’il extraie lui-même, et Teresa Fernandez-Pello, qui nous projette dans le futur, il est toujours question de technique. J’ai le sentiment que toutes les pièces présentes transpirent ces notions. Je trouve intéressant cette confrontation de voir naître une cohérence entre des pièces paradoxalement antagonistes. Une fois la sélection faite, il me semblait voir que la notion de dystopie pouvait émergée,  qu’elle accouche d’une ultra-technologie ou de pièces «rustiques». J’imagine chacun des objets présentés comme un potentiel témoin d’une société qui adviendra.

Enfin, en filigrane de la sélection, cela me tenait également à coeur de présenter des pièces venant d’horizons différents sur un même niveau. On retrouve un sac à main jouxtant une peinture abstraite, une chaise à côté d’une image IA... j’aime le fait de présenter sur le même niveau des choses de différents horizons.

FFG : Parmi les œuvres présentées dans cette exposition, il y a également votre propre travail, pouvez-vous nous parler de ce travail et de votre propre expérience créative ?

JBD : Je reviens ! (rires) ... J’ai fait une pause pendant un temps. Et j’ai l’impression d’être libéré d’un certain poids. Je me sens paradoxalement mature dans mon travail, parce que j’ai arrêté d’essayer de l’être, et je sais que je ne le serai jamais. Je me sens plus libre pour explorer les domaines qui m’intéressent, que ce soit dans l’objet servile ou le «non-fonctionnel», avec cette sensation que l’énergie qui me fait avancer me montre en même temps que ce qui sort de ma tête n’est qu’un éternel commencement.

 

JBD : Que ce soit au sein de la galerie elle-même ou en dehors, parfois en collaboration avec d’autres organisations, vous avez organisé beaucoup d’expositions jusqu’à présent. En quoi l’expérience est-elle différente, dans la mesure où vous travaillez avec un designer sur l’organisation et la mise en œuvre de cette exposition ? Et comment en est-on arrivé là ?


FFG : J’ai toujours pensé que la création est un processus de stimulation mutuelle et que la coopération entre créateurs de différents domaines peut souvent produire des résultats inattendus. En tant que commissaire d’exposition, réalisatrice et auteur, je suis toujours à la recherche d’occasions de collaborer avec d’autres créateurs dans de multiples disciplines. Je suis tout d’abord très impressionné par le travail de Jean-Baptiste en tant que designer, et étais en même temps curieuse de voir son regard mis au service d’une curation, comme ce fut le cas pour cette exposition. Nous avons tous deux échangé des idées, des pensées, des préférences et des choix au cours du processus... Ce processus fait également partie de l’exposition, nous voyons le résultat de l’exposition à la fin, mais ce chemin pour y parvenir est tout aussi important, car l’expérience que je tire des autres est toujours l’une des sources d’inspiration de mon propre travail.

 


JBD : Cette exposition s’intitule «Beautiful Stranger» et les œuvres sont d’un type que la galerie n’a jamais montré auparavant, pouvez-vous nous donner quelques explications ?


FFG : Il est important de noter que les frontières entre l’art et le design sont de plus en plus floues aujourd’hui. Si le rôle originel de l’art était plus exploratoire, prophétique et avant-gardiste que celui du design, le design contemporain assume de plus en plus cette mission, qui n’appartenait à l’origine qu’à l’art, et explore constamment les limites des idées, des matériaux et de l’artisanat. Les œuvres d’art et de design que nous avons sélectionnées pour cette exposition sont aussi ambiguës, difficiles à identifier, hybrides et greffées dans un conflit que le titre de l’exposition le suggère, ne sont-elles pas les caractéristiques de l’époque que nous vivons.

 


JBD : Vous avez présenté, à l’occasion d’une exposition pour la shenzhen design week, le travail de plus de 20 designers et artistes français en 2019 en Chine, pouvez-vous nous parler de cette expérience ? Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet en Chine ?


FFG : C’était une expérience inoubliable, l’exposition se tenait dans le plus grand musée d’art de Shenzhen -la Silicon Valley chinoise, et a attiré un grand nombre de visiteurs. J’ai été particulièrement heureuse de voir les étudiants locaux dans le design et l’art multimédia sensibles à cette démarche. La rencontre entre les mondes de l’art chinois et français est très importante pour moi. J’y vois une source d’inspiration et de motivation importante.

J’espère pouvoir prochainement présenter le travail d’artistes et designers, de manière encore plus impactante, que ce soit au cours d’expositions, mais aussi de residences, d’ateliers... toujours dans le but de renforcer les échanges avec leurs homologues chinois.

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