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D'Ailleurs 

Huang Pinling / 黄品玲
08.10 — 28.11.2015

« Lorsque je peins, j’essaie d’éveiller un certain paysage. Ce n’est pas immédiatement une expérience visuelle, mais plutôt une sensation ressentie lors de cette expérience visuelle face au paysage. Cela peut être une ambiance, une température, ou même une humidité ». Pour Pinling HUANG, un paysage, soit l’image venue d’une scène de la nature qu’elle a éprouvée, soit une scène imaginaire, ne s’est présenté dans son œuvre qu’au travers d’un processus d’intériorisation, par lequel les expériences visuelles obtenues sont transmises à celles de l’immanence, où logent ses fils de pensées et ses sentiments. 

 

Cet hébergement du fil des pensées et des sentiments ne se situe pas en « dedans », mais « ailleurs » : il est au dehors de au dehors d’ « ici » au sens de l’espace et au-delà du moment présent au sens du temps. Il se trouve également au dehors d’une scène qui est juste devant nos yeux et aussi à l’écart du réel, qui se trouve à l’extérieur de notre propre existence. Par la manifestation de « je suis d’ailleurs » dans ses œuvres, Pinling HUANG se tient éloignée des préoccupations déterminées par le changement de l’espace et du temps et crée un monde où logent la mémoire et l’imagination, où elle retrouve sa liberté et sa tranquillité d’expression et de vivre.  

 

Pour Pinling HUANG, la mémoire a une humidité : « le paysage dans mes œuvres caractérise souvent une qualité de la humidité et de la tendresse, comme la vague de la mer ». Peignant cet été-là à Paris, toutes les œuvres exposées ici sont empreintes d’une certaine humidité, nous rappellent les origines de l’artiste – Taiwan, un endroit entouré par la mer, où elle est née et a grandie avant qu’elle est parti à étudier à l’École des Beaux Arts de Paris. Lors de cette expérience de distance géographique, entre son lieu d’origine et la ville où elle effectue ses études, elle jette son regard d’ici à « ailleurs », ce qui lui permet d’achever un processus de transformation entre ce qui se cache derrière ces deux lieux et dans lequel se déploie le sens potentiel de sa création artistique. 

 

Dans l’épaisseur propre aux peintures à l’huile, Pinling HUANG crée des sillons en laissant soigneusement visibles les mouvements du trace. Dans ces traits et ces traces se forment ainsi un rythme où chacun, même dans les traits de couleur identique, peut se distinguer l’un de l’autre. En fait, bien qu’elle se serve des matériaux de la peinture occidentale, le traitement du mouvement du trait chez Pinling HUANG nous évoque la pensée de la peinture chinoise, où l’achèvement de chaque trait se relie à l’écoulement d’un seul souffle et les mouvements des traits construisent une cadence créée par le flux entre inspiration et expiration du souffle. Chez Pinling HUANG, les fils des pensées et des sentiments sont manifestés non seulement par la composition des couleurs et des formes, mais aussi à travers le rythme créé par le souffle des traits et ses traces, qui engendrent l’énergie et la passion de vivre.   

 

     

 

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