Le concept de temps varie d'une culture à l’autre. Dans l’hindouisme, le bouddhisme ou de nombreuses autres philosophies asiatiques traditionnelles, le temps est lié à l’idée de renaissance (ou réincarnation). Tandis qu’en Occident, la tradition judéo-chrétienne induit une vision linéaire du temps. Puis la science et les nouvelles technologies ont introduit le concept de relativité et de simultanéité du temps. Par conséquent, différentes œuvres arts expriment la notion de temps de nombreuses manières différentes.
Nous n'avons aucun moyen de «voir» l'écoulement du temps, il ne peut pas réellement nous toucher. Mais il laisse des traces que nous pouvons suivre. De la même manière, la création de l'artiste nous présente des traces similaires que l'on peut également suivre.
L'artiste sud-coréen KWAK Soon-young, avec son propre vocabulaire artistique particulier, reproduit des églises, des paysages, thèmes classiques autant en Occident et qu’en Orient. Chaque tableau commence par l’application d’une couche de couleur. Il en faudra sept ou huit, qui mettront environ trois mois pour sécher l’une après l’autre. Et enfin, par le grattage, différentes couches de couleur et de sentiments se mélangent sur la toile.
Si le travail de KWAK Soon-young est l'expression du temps au sens macroscopique, l'image produite par JANG Kuang-bum est en revanche plus un paysage microscopique. Jang utilise des techniques de création similaires, et par le polissage de l'écran, il forme une imagerie flottante, tel un paysage de roche sous les intempéries. Les deux artistes expriment la notion de temps en démontrant le long temps nécessaire pour créer leur œuvre. Le temps lui-même est devenu une partie intégrante de leur travail.
Quelle que soit la forme des manifestations du temps - temps cyclique, linéaire, synchronisé, ou temps d’une autre forme - le rythme du temps dans sa structure semble toujours être subtilement ou dramatiquement fluctuant. En Occident, selon Saint Augustin, “il y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur”: pour lui, “maintenant” est un temps ponctuel qui est trop petit pour être divisé, et ce point peut être appelé “maintenant”, sans étirement. S’il y a une durée, elle se divise en un passé et un avenir. Cependant pour "maintenant" il n’existe ni passé ni avenir, lesquels n’existent que dans notre imaginaire. De ce fait, on a toujours craint d’être, par inattention, oublié dans le néant. Il n’est pas étonnant qu’en orient Su Shi ait également écrit: “Je m'attriste du bref instant de ma vie, j'envie l'infini du long fleuve.”
Peu importe la longueur du temps, car le temps ne fait que s’écouler. Mais quand il rencontre l’art, on peut pour un instant se reposer dans la vraie éternité.